En mars 2019, un site de production d’Unilever à Forest annonçait la fermeture de ses portes avec, pour conséquence, la perte d’une centaine d’emploi. La procédure Renault était ensuite enclenchée ainsi que les mécanismes d’aides au retour à l’emploi pour les travailleurs et travailleuses. Parmi ces derniers, la validation des compétences des personnes directement sur le site de l’entreprise.
Depuis fin décembre, plus de 45 anciens travailleurs d’Unilever ont pu faire certifier officiellement leurs compétences, afin de les aider à retrouver un emploi. A l’heure où la première vague d’épreuves de validation des compétences se termine, les différents acteurs mobilisés dans ce dossier dressent un état des lieux de la situation.
De nombreux travailleurs d’Unilever ont acquis des compétences professionnelles sur leur lieu de travail mais tous n’avaient pas nécessairement de diplôme ou certificat leur permettant de les valoriser sur le marché de l’emploi ou pour reprendre une formation avec des dispenses. A la demande du secteur Alimento, des organisations syndicales et de la direction locale d’Unilever, le Consortium de validation des compétences et les opérateurs d’enseignement et de formation professionnelle ont temporairement délocalisé leurs activités sur le site d’Unilever pour valider, directement en entreprise, les compétences des travailleurs.
Grâce à la réactivité des Centres de validation des compétences de Bruxelles Formation, du Forem, et de l’Enseignement de promotion sociale, les compétences et les savoir-faire pour les postes de conducteurs de chariot élévateur, de conducteurs de ligne de production en industrie alimentaire, ou de tuteurs en entreprise ont déjà pu être validées. D’autres épreuves sont encore réalisées notamment pour des mécaniciens d’entretien industriel. Unilever a grandement facilité les actions en mettant à disposition des locaux, du matériel et en participant financièrement.
« Beaucoup de travailleurs occupent un emploi, développent des compétences mais n’ont pas nécessairement le diplôme qui le confirme. La validation des compétences est un dispositif essentiel qui rend possible la reconnaissance de ces savoir-faire, et délivre un titre parfois indispensable pour décrocher un nouvel emploi. Et ainsi permettre de mettre toujours plus de Bruxellois à l’emploi.», détaille Bernard Clerfayt, Ministre bruxellois de l’Emploi et de la Formation professionnelle.
« Je me réjouis de l’action décloisonnée de tous les acteurs impliqués dans la validation des compétences des employés d’Unilever. Nul doute que ces travailleurs, qui font face à des circonstances difficiles, pourront ainsi se raccrocher à une formation ou directement retrouver le chemin de l’emploi. Je salue tout particulièrement le rôle précieux joué par les Centres de validation des compétences de l’Enseignement de promotion sociale. Ceux-ci ont permis l’organisation de validations pour 35 travailleurs au sein même de l’entreprise, et ont également fourni à l’ensemble des travailleurs une information complète sur la possibilité de valoriser leur(s) titre(s) de compétence(s) afin d’alléger la reprise d’un parcours de formation.
Cette action s’inscrit dans le cadre d’un soutien structurel de la Fédération Wallonie-Bruxelles à la validation des compétences. Pour 2020, un budget de 566.000 euros y sera consacré », observe Valérie Glatiny, Ministre de l’Enseignement de Promotion sociale de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Aujourd’hui, un certain nombre de travailleurs ont déjà retrouvé un emploi notamment grâce aux Titres de compétence. C’est le cas de Youssef. Il a 3 Titres de compétence pour les métiers de conducteur de chariot élévateur (frontal et latéral) et de conducteur de ligne de production alimentaire après avoir travaillé pendant de nombreuses années sur ces différents postes. Il a retrouvé un emploi en tant que magasinier dans une entreprise à Zaventem.
Said a, lui, reçu ce 2 mars, un deuxième Titre de compétence en tant que Conducteur de chariot élévateur après en avoir déjà reçu un en tant que Conducteur de ligne de production en industrie alimentaire. Il n’a pas encore retrouvé d’emploi mais est accompagné par la cellule emploi mise en place avec Actiris. Il aimerait compléter ses connaissances en logistique par une formation.
« La validation des compétences est un enjeu essentiel qui offre une réelle possibilité aux personnes porteuses d’une solide expérience mais sans diplôme reconnu de décrocher un titre, voire un emploi. La Wallonie continuera d’amplifier ce mécanisme dans les années à venir et notamment dans le secteur de l’économie sociale où de nombreuses personnes ne bénéficient pas de titre formel. A cet égard, une première enveloppe de 120.000 euros vient d’être dégagée », précise Christie Morreale, Ministre wallonne de l’Emploi et de la Formation.
Depuis quelques années, le Consortium de validation des compétences et ses partenaires mènent plusieurs projets de validation des compétences des travailleurs en reconversion ou dans le cadre d’une politique de gestion des compétences. Valider officiellement les savoir-faire des travailleurs et travailleuses au sein de l’entreprise est également maintenant envisageable. Accompagnement gratuit par des conseillers, gain de temps, environnement familier pour les travailleurs en sont quelques avantages. La démarche de validation des compétences s’intègre parfaitement à la politique de gestion des ressources humaines dans une relation gagnant-gagnant avec les travailleurs.